
Arras 2017 - Andrea Sedlácková, mémoire d'une violence d'État
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Rebelle, rejeté, Gilles erre sur les routes, suivi de Gabrielle. Elle n'a que 14 ans, lui guère plus, et, malgré les humiliations, elle persiste à l'aimer.
Rebelle, rejeté, Gilles erre sur les routes comme un chien errant, suivi de Gabrielle. Elle n'a que 14 ans, lui pas beaucoup plus, et, malgré les humiliations, elle persiste à l'aimer. Leur fuite en avant n'a qu'un seul objectif : trouver un répit et un abri, loin des adultes. Le premier long métrage d'un cinéaste admirateur de Bresson et Pasolini, qui impose pourtant son ton très personnel.
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" La douceur, Gilles ne sait pas ce que c'est. A 14 ans, sa vie n'est qu'une suite de petites révoltes : contre l&#
" La douceur, Gilles ne sait pas ce que c'est. A 14 ans, sa vie n'est qu'une suite de petites révoltes : contre l'école, contre ses parents, contre ses copains. Toujours contre. Il se bat, il ment, il provoque. Comme un chien enragé, il « mord » tous ceux qui passent près de lui. Pour caresser son visage, Gabrielle, qui l'aime pourtant, attend qu'il dorme. Mais si Gabrielle est aussi réservée que Gilles est impulsif, tous deux vont à la dérive. Proches, malgré tout. Ils ne comprennent rien au monde dans lequel ils vivent. Alors, ils s'inventent des coins secrets dans des caves sordides où seule une petite lucarne laisse filtrer la lumière et les mouvements du dehors. La seule valeur qui rattache encore Gilles à la vie, c'est l'argent. Avec de l'argent, croit-il, le monde lui appartient. Il se sent fort. Et adulte.
Aux côtés des deux ados, l'argent est le troisième personnage principal du film. Il passe de main en main comme un sésame. Il permet tout. Gilles peut s'acheter un moment d'amour illusoire avec une prostituée. Il peut défier les adultes en les volant. Il peut humilier jusqu'à ceux qu'il aime. Pour être à son tour ignoré et rejeté lorsqu'il mendie parce que son père l'a chassé. L'argent est une illusion du bonheur. Qui fait bien sûr rêver tous ceux qui n'en ont pas. Et Jean-Paul Civeyrac l'illustre très brutalement lorsque, dans les terrains vagues de cette cité de province, un ado regarde tranquillement des plus petits gratter la terre avec leurs doigts pour trouver les quelques pièces de monnaie qu'il a cachées.
A l'image de cette scène, le premier film de Jean-Paul Civeyrac est âpre. On erre avec Gilles sans savoir où l'on va. On suit ses déambulations avec un certain vertige. Et l'on ressent combien chacune de ses provocations est un appel à l'aide. Mais Gilles reste insaisissable. Pour son entourage, comme pour nous. Le film n'offre presque pas d'explications. Gilles avec sa mère, avec son père, sa soeur : une scène à chaque fois. Le minimum. Juste assez pour comprendre le « déracinement » d'un adolescent. Ce sentiment de n'être personne, de ne servir à rien.
Pourtant Jean-Paul Civeyrac n'a pas réalisé un film fataliste. Sa caméra accompagne Gilles en de longs travellings où résonne la musique sacrée de J.-S. Bach. Un peu comme ces plans d'Accatone, qui choquaient à l'époque et où Pasolini filmait des voyous et des quartiers pouilleux avec de la musique religieuse.
Civeyrac partage avec le cinéaste italien cet apparent paradoxe : le réel est sacré. C'est de la boue, du sordide, de la cruauté d'une situation que le réalisateur fait surgir une beauté insolite. Elle apparaît soudain, fugace, en un éclair, sur le visage de ces adolescents qui retrouvent les yeux étonnés de l'enfance : Gilles à moitié nu, entre le rire et la gêne devant une femme qui lui fait des avances ; Gabrielle qui révèle à Gilles une douceur inconnue. Ou tous les deux, surpris d'avoir causé la mort d'un innocent.
Il y a aussi cette scène de faux mariage entre copains, où l'on échange en guise d'anneaux ceux en métal pour décapsuler les boîtes de bière. Le misérabilisme, Civeyrac l'évite ainsi : par de constants élans où il décolle de la réalité pour en surprendre les éclats poétiques. Le « social », il l'utilise comme un matériau. C'est juste « là » et « comme ça » que vivent ses personnages, rien de plus. Pas de théorie, ni de dénonciation. Nul coupable. Sinon, peut-être, ce Dieu jamais cité, jamais représenté dans le film mais en qui Gabrielle a placé sa foi et qu'elle somme de lui venir en aide. Car elle aussi, comme Gilles, elle pourrait « être dégueulasse ; c'est facile », dit-elle. Seulement elle croit. En Dieu comme en Gilles.
Les vingt dernières minutes du film sont alors une longue marche vers une forme de rédemption qui passe par la conscience de soi et la reconnaissance de l'autre. La fuite de Gilles et Gabrielle sur les routes de campagne en hiver est parsemée de signes. Des symboles religieux qui font appel à la naïveté du spectateur : Gabrielle-l'ange, le blanc immaculé de la neige, la grange-refuge comme une crèche, l'âne (Balthazar ?), la source où l'on se lave...
Ni d'Eve ni d'Adam est un film religieux. Au sens fort. Qui relie les hommes au sacré. Jean-Paul Civeyrac aurait pu appeler son film Sans foi ni loi. Mais lui croit en ses personnages. Et, à force de croire, le « miracle » arrive. Gilles-le-violent se laisse caresser et accepte l'amour de Gabrielle. Ni d'Eve ni d'Adam n'est pas une dénonciation des cités déshumanisées, de nos vies athées ou d'une jeunesse perdue. C'est l'histoire d'une étreinte."
" Située dans une cité anonyme où il ne fait pas bon vivre, l'histoire d'amour entre Gilles et Gabrielle n
" Située dans une cité anonyme où il ne fait pas bon vivre, l'histoire d'amour entre Gilles et Gabrielle n'est constituée que de frôlements et de provocations. Tandis que le garçon est perpétuellement à vif, sans cesse agité de pulsions animales (assouvir son désir, se nourrir,se battre), la fille lui oppose une douceur butée, la certitude têtue qu'ils finiront par se retrouver.
Souvent proche du Brisseau première manière - celui de De bruit et de fureur- ou du très beau Fils du requin d'Agnès Merlet, Civeyrac excelle dans la peinture de la vie des bandes, de la brutalité familiale et scolaire. Surtout sa mise en scène parvient à capter la violence quotidienne sans jamais tomber dans le cliché banlieue ou le manichéisme.
Pour les deux adolescents, il s'agit de s'inventer une série de repaires (et de repères...) de trouver des tanières (la cave du début, le rideau protecteur que constituent les vêtements lors du mariage où ils pourront échapper au jeu de la morgue sociale et à la loi du groupe.
C'est là, dans l'approche de l'adolescence comme une forme possible de résistance, que Ni d'Eve ni d'Adam impressionne le plus, que le film sort des sentiers battus pour imposer la puissance de sa vision et la nouveauté de son ton."
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