
Công Binh : une mémoire tombée dans un trou noir
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Vietnamiens étaient recrutés de force dans l’Indochine fr...
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Les derniers Công Binh témoignent aujourd’hui d'une page de l’histoire coloniale entre la France et le Vietnam honteusement occultée de la mémoire collective.
A la veille de la 2nd Guerre Mondiale, 20 000 Vietnamiens étaient recrutés de force dans l’Indochine française pour venir suppléer dans les usines d’armement les ouvriers français partis sur le front allemand. Pris à tort pour des soldats, bloqués en France après la défaite de 1940, livrés à la merci des occupants allemands et des patrons collabos, ces ouvriers civils appelés Công Binh menaient une vie de parias sous l’Occupation. Ils étaient les pionniers de la culture du riz en Camargue. Considérés injustement comme des traîtres au Vietnam, ils étaient pourtant tous derrière Ho Chi Minh pour l’’Indépendance du pays en 1945. Le film a retrouvé une vingtaine de survivants au Vietnam et en France. Cinq sont décédés pendant le montage du film. Ils racontent aujourd’hui le colonialisme vécu au quotidien et témoignent de l’opprobre qui a touché même leurs enfants. Une page de l’histoire entre la France et le Vietnam honteusement occultée de la mémoire collective.
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" On a forcément l’air un peu stupide lorsque l’on prend connaissance, plus de soixante-dix ans après, d’un drame historique dont la France
" On a forcément l’air un peu stupide lorsque l’on prend connaissance, plus de soixante-dix ans après, d’un drame historique dont la France est responsable mais qu’elle n’a jamais reconnu.
Aussi, le premier effet produit par Công Binh est celui d’un hébétement massif devant les faits : avant la Seconde Guerre mondiale, 20 000 jeunes hommes vietnamiens ont été arrachés à leur famille et déportés en France pour y remplacer, en principe, les ouvriers en partance pour le front.(...)
En retrouvant la trace, ici et là-bas, de certains d’entre eux, en leur donnant in extremis la parole (la moyenne d’âge tourne autour de 94 ans et beaucoup sont déjà disparus), le cinéaste Lam Lê fait beaucoup mieux qu’une œuvre de salubrité publique. Egalement né au Vietnam dont il fut lui aussi exilé par les secousses de l’histoire, Lam Lê non seulement enregistre, pour l’enrichissement de notre mémoire collective, leur inestimable témoignage, mais les fait dialoguer par-dessus les océans par la grâce d’un montage d’une délicatesse insigne.
Le plus troublant, et parfois le plus émouvant, c’est en effet la réserve extrême, la pudeur toujours intacte, avec lesquelles s’expriment ces personnages. Pas la moindre acrimonie ou amertume ne suinte des images de Công Binh, juste le chagrin d’une jeunesse volée et la plaie d’une injustice que la France n’a jamais officiellement admise. Avec émotion mais aussi humour, parfois avec une franche ironie, ils peignent un portrait très peu flatteur de ce pays mais ne semblent jamais réclamer autre chose que de la considération. Sous-titré la Longue nuit indochinoise, ce film en apparence si feutré, si retenu, donne en réalité le sentiment de faire briller les torches de la vérité au cœur même des ténèbres, juste avant la grande nuit de l’oubli.
Nul doute qu’il se trouvera des voix pour accuser un tel film de plonger une nouvelle fois la France dans les affres de la «repentance», ce qu’un témoin anticipe déjà : «Je n’aurais jamais pensé que la France puisse s’intéresser à cette histoire, qui n’est pas glorieuse pour la République des droits de l’homme. C’est comme si elle se donnait un coup de bambou, non ?» Si, mais certaines gifles sont salutaires."
" Avec Công Binh, la longue nuit indochinoise, c'est une page presque oubliée de l'Histoire que Lam Lê s'attache à conserver dans les mémoir
" Avec Công Binh, la longue nuit indochinoise, c'est une page presque oubliée de l'Histoire que Lam Lê s'attache à conserver dans les mémoires. Ces hommes dont il retrace le parcours sont devenus des fantômes : méprisés sur leur terre d'origine comme sur leur terre d'adoption, victimes de l'indifférence au point de n'être plus qu'un numéro matricule, un rouage parmi les autres rouages de l'usine, auquel on refuse de prêter une âme.
Pour y parvenir, le réalisateur adopte une polyphonie des plus intéressantes. La base de son travail reste conventionnelle : il s'agit des témoignages enregistrés des quelques survivants, vieux messieurs dignes et beaux dans la bouche desquels on s'étonne de ne pas trouver une seule parole amère.
Entre ces témoignages, il insère deux autres formes plus inattendues de récit : des extraits de spectacles de marionnettes aquatiques traditionnelles au Vietnam, et des reconstitutions jouées. Le premier procédé est d'abord déconcertant : entendre les marionnettistes raconter les blessures de l'Histoire vietnamienne avec des voix de dessin animé, voir les marionnettes mimer la souffrance et l'incompréhension, paraît incongru, décalé.
Mais à mesure que l'on s'accoutume au spectacle – puisque c'est bien de cela qu'il s'agit – comme à la surprenante tranquillité d'esprit des vieux messieurs, le décalage fait sens : c'est par leur capacité à conserver une forme de légèreté dans leur malheur et à cultiver les ressources de l'humour que les Công Binh ont tenu bon.
Quand à la reconstitution jouée, elle pourrait paraître tout aussi incongrue si elle n'était pas filmée avec une élégance et une pudeur complètement étrangères au "kitsch" télévisuel qui caractérise souvent le procédé.
Surtout, elle prend un sens singulier dans la mesure où les acteurs qui interprètent les Công Binh jeunes sont leurs enfants et petits-enfants. Le geste est fort : en prenant fictivement la place de leurs aïeuls, ils manifestent une volonté ardente de comprendre, et de perpétuer une mémoire en passe de disparaître."
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